Parlons I.A

J’ai participé le week-end dernier au salon du livre de Trentemoult, sous mon pseudo de romancier. J’y ai eu un échange très intéressant avec un autre auteur qui s’interrogeait sur l’intérêt des I.A. Il est vrai que de plus en plus il m’arrive de voir sur les réseaux un « auteur » (je mets volontairement des guillemets), se vanter d’utiliser l’I.A pour écrire. Comprenez se contenter de prompter une vague idée et de laisser la machine rédiger un texte intégral à sa place.

Je ne suis pas totalement opposé à cet outil qui, j’en suis persuadé, une fois qu’une législation claire et précise verra le jour, offrira de nombreux services dans de nombreux domaines. En attendant, il nous faut malheureusement faire avec une machine dont l’usage ne respecte ni les droits d’auteur ni, de fait, l’humain. La condamnation récente d’une entreprise chinoise pour usage et diffusion d’images issues d’une I.A sans créditer les véritables auteurs est un exemple qui, non seulement est à suivre, mais qui devrait se généraliser, je l’espère.

Il est bon en effet de rappeler qu’en l’état une I.A ne créée pas, n’invente pas… Elle ne fait que compiler des éléments existants déjà, copier ce que d’autres ont déjà fait. Et ces autres, ce sont des humains, les vrais créateurs, les artistes.

Dès lors, un « auteur » qui se contente de signer une œuvre intégralement, ou même partiellement, générée par I.A peut-il se prévaloir du titre de « Auteur ». A l’évidence non ; car au-dela du fait, évident, qu’il n’a rien créé, le texte qu’il revendique n’est pas le sien, mais bien inspiré d’autres, copié dans les pages des véritables écrivains. On m’a fait remarquer que si l’I.A avait existée au XIXe siècle, Victor Hugo ou Emile Zola l’auraient surement utilisé. Soyons clair, on n’en sait rien. Un argument qui réinvente l’histoire par simple imagination ou conviction ne tiens pas ; mais admettons quand même l’hypothèse.

Ma conviction est simple : Si nos grands auteurs avaient utilisé l’I.A, il me semble évident qu’aujourd’hui on ne se souviendrait ni d’eux ni de leurs livres. Pourquoi ? Pour une raison simple : Chaque écrivain possède un style qui lui est propre ; un style forgé au fil des années par la propre histoire de l’auteur, son vécu, ses émotions, son éducation, son milieu, son métier, ses fréquentations, etc. bref, par sa vie. Une I.A ne connait pas cela, et ne le connaitra jamais. Tout au plus, peut-être, finira-t-elle par se forger une expérience personnelle à l’aulne des promptes pour lesquels elle aura été sollicité, mais rien de comparable avec un véritable vécu humain. Une écriture humaine s’alimente des bonheurs et des souffrances de l’écrivain, pas une écriture de machine… Autrement dit, si Hugo ou Zola avaient usés de l’I.A leurs styles respectifs aurait été gommé par la machine, uniformisé par ce manque de vie et de vécu. Bref, Hugo ou Zola auraient écrit des textes identiques, sans distinction de ce style qui fait les grandes œuvres, la vraie littérature.

Ce qui est rassurant, façons de parler, c’est que finalement ces pseudo « auteurs » qui se contentent de signer une œuvre sans âme, finirons dans l’oubli et sans lecteurs faute d’originalité, faute de ce qui fait la force de la littérature. Et ce débat, peut également se faire pour tous les véritables créateurs quel que soit l’art aujourd’hui menacé : l’illustration, le cinéma, le dessin animé, la photographie… Je suis persuadé que, l’humain n’étant pas si idiot, ce dernier finira par revenir vers les vrais artistes, à minima pour s’assurer de la légitimité et de la véracité de ce qu’ils lisent ou regardent. Mais en attendant, que de dégâts. Nous allons entrer dans une ère où tout sera remis en question. On ne croira plus les images, on ne s’intéressera plus aux textes. Les chaines d’infos et les journalistes, ont du souci à se faire… Quant aux artistes, à eux de jouer carte sur table en affirmant haut et fort qu’ils n’utilisent pas l’I.A, que leurs styles est bien le leur et préservé de leur humanité. Personnellement, j’affiche un petit logo sur mon site, expliquant que mes textes ne sont pas générés par ces machines. Doit-on imposer une règlementation permettant aux lecteurs ou spectateurs de savoir si l’œuvre qu’ils lisent ou regarde à été générée par un humain ou une machine ? Comme on informe le consommateur des qualités nutritives de ce que nous achetons en super marché ? Je le crois. Et il y a urgence à ce que cette règlementation arrive. Malheureusement, il me semble que nos « penseurs politiques », dont on se demande parfois s’ils n’abusent pas eux même des I.A pour prendre des décisions à leurs place, ont d’autres chats à fouetter. Alors, auteurs prenez les devants, et revendiquez que vous n’utilisez pas l’I.A, avec sincérité et sans mentir (cela se verra ou se lira).

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