Ivan Derelierre auteur
Aux sources de mon écriture

Aux sources de mon écriture

Dès l’enfance, un espoir… Un rêve…

Je suis né à une époque où, au travers d’article dans des revues de vulgarisation scientifique pour la jeunesse, on nous présentait le XXIe siècle comme étant un futur plein d’espoir. Enfant, je rêvais de voyages spatiaux, de planètes lointaines, j’imaginais des progrès technologiques qui cloisonneraient aux pages de livres d’histoire, les maladies, les famines et la misère humaine. Un monde ou l’être humain serait heureux, quelle que soit son origine, sa couleur, sa langue… Humain avant tout. Un livre d’illustration me fascina très vite : vaisseaux de l’espace de l’an 2000 à l’an 2100. Il présentait des images de vaisseaux spatiaux imaginées par des artistes. Ce fut longtemps mon livre de chevet. J’imaginais les mondes lointains que ces vaisseaux découvraient, toujours avec bienveillance envers les éventuels extra-terrestres.

Si la bande dessinée très tôt contribua à mon intérêt pour la science-fiction (le Scrameustache, Les Petits Hommes, Philemon, certains albums de Spirou et surtout L’inégalable Valérian et Laureline), je fus rapidement attiré par le cinéma et la littérature.

Mais si je découvris assez jeune, les romans d’aventure de Jack London, d’Antoine de Saint-Exupéry, je fus très vite également fasciné par l’univers d’auteurs de science-fiction comme Jules Vernes ou encore Isaac Asimov, Arthur C.Clarke, Philip K.Dick, Ray Bradbury, Franck Herbert, Barjavel, Robert Silverberg, Clifford D.Simak, Richard Matheson, George Orwell, H.G Wells ou encore Ken Grimwood… Je lisais tout ce que je pouvais trouver dans ce genre particulier. Mais avant ceux-là, au plus jeune âge c’est un auteur belge pour la jeunesse qui me fit vraiment découvrir ce genre si riche : Philippe Ebly. Je dévorais tous ces romans, attendant avec impatience la publication d’un nouveau. Je suis persuadé que mes romans, ma façon d’écrire, lui doivent beaucoup…

L’imaginaire sur grand écran

Mais, très vite, c’est surtout la puissance visuelle du cinéma qui me fit ouvrir les yeux sur le fait que l’avenir ne serait pas forcément aussi rose que le proclamaient les articles des revues (ce que je soupçonnais déjà à travers certains romans)…

Si des films comme 2001 l’odyssée de l’espace, Rencontres du 3e type, ou encore E.T proclamaient cet espoir en un futur meilleur pour l’homme (tout en s’inquiétant de certains dangers comme les IA, les dérives de la science…) d’autres films me montrèrent une image sombre du futur. Mais ces films « pessimistes » (souvent inspirés de romans) s’ils noircissaient l’espoir en l’avenir que j’entretenais enfant, je les regardais comme un message d’alerte d’artistes qui me disaient

« faites attention, voilà ce qui pourrait advenir si l’humain se laisse emporter dans ses dérives sombres »…

Ces films ont pour titre La planète des singes, THX1138, Mad Max, 1984, Terminator, Alien (et ses suites), New York 1997, La jetée, Stalker, Solaris, Soleil vert, Brazil, Orange mécanique, Abattoir 5, Blade Runner, et des films plus anciens comme Le Jour où la Terre s’arrêta, ou encore Metropolis ou Point limite, Docteur Folamour…

L’Art, éveil des consciences

Cinéma et littérature contribuèrent à éveiller en moi une fascination pour la science-fiction – genre où tout est possible, surtout l’impossible et immense porte ouverte à l’imaginaire, mais aussi un œil critique sur les dérives et dangers de notre société.

À ce titre, je suis convaincu que l’Art d’une façon générale, quel que soit son médium, est indispensable, primordial même, à la bonne santé de toute société humaine (la crise récente du Covid, où les artistes décrétés « non utiles » furent les seules à offrir l’oxygène qui nous manquait, via les réseaux sociaux).

Sans le rêve, sans l’imaginaire, sans la beauté, sans les sentiments de joie et de bien être que l’on peut ressentir devant une œuvre d’art et un artiste, la vie et ses contraintes deviennent vite insupportables. Sans cette soupape, la triste devise « Metro, boulot, dodo » deviendrait un enfer encore plus grand qu’elle ne l’est déjà. L’humain ne serait plus humain, mais juste une machine ou au mieux l’alter ego d’une fourmi dont le seul but dans la vie est d’accomplir une tâche précise pour que la société perdure. L’humain serait au service de la société alors que, fondamentalement, c’est l’inverse qui doit être : toute société doit être bâtie pour le bien être humain.

Et c’est précisément ce que les visions du futur proclamées dans mon enfance nous promettaient… Un monde de libertés, de technologies libératrices, d’espérance, de culture, d’Art… Bref, un monde où l’Humain est au cœur. Mais les auteurs de science-fiction, qu’ils soient dans la littérature où le 7e Art, ont éveillé mon esprit critique, ma vigilance envers les dérives du monde dans lequel je grandissais. Et j’ai vite compris que le futur vers lequel nous avancions risquait d’être plus sombre que celui que l’on m’avait vendu. Pour moi, il fut rapidement évident que Soleil vert ou 1984 avait un pouvoir d’attraction plus grand pour nos dirigeants que Star Wars où des humains épris de liberté combattent une dictature…

Écrire pour l’espoir

Mais, que pouvais-je y faire ? Moi, adolescent d’une ville moyenne de province ? Très tôt, je vidais mes angoisses envers ce monde sclérosant et inhumain en les couchant sur papier, les matérialisant par des mots écrits que j’emprisonnais dans des pages, à l’instant de ces écrivains de SF que j’adorais. J’inventais des histoires souvent sombres comme le monde vers lequel je craignais que la société ne glisse, mais dans lesquelles l’espoir était toujours présent. Des histoires où des humains écrasés, dominés, lobotomisés, entraient en lutte se réveillaient enfin ! Et si mes histoires me permettaient alors d’exorciser le fait que la société n’était pas celle que l’on m’avait vendue enfant, elles me permettaient de proclamer qu’en l’humain, il y a toujours des ressources pour sortir du cauchemar.

Des décennies plus tard, constatant que malheureusement 1984 devenait le point de convergence des civilisations actuelles, je décidais à mon tour de sonner la l’alarme et de publier des romans ; coucher sur papier les maux actuels et les partager afin, modestement, d’éveiller quelques consciences sur les dérives qui nous entrainent vers la folie, l’aliénation de l’humain, l’avènement de sociétés où l’exploitation de l’homme est le ciment… Je ne pouvais plus garder cela pour moi ! Je devais offrir à d’autres la possibilité à la fois de s’évader vers d’autres mondes (comme le héros de mon roman Liparis 312), mais aussi d’ouvrir les yeux sur la réalité du monde (comme mes héros de Mileva), lutter pour survivre (comme mes héros de Soleil de sang) et toujours garder espoir (comme mes héros de Les invisibles).

Mes romans sont sombres, volontairement. Ils dénoncent, s’inquiètent, accusent, s’interrogent… Si les rêves de l’enfant que j’étais se sont heurtés à la réalité d’un monde inhumain ; mes livres ne devaient pas reproduire ce choc pour de nouvelles générations. Je n’écris pas des rêves, mais cherche à éveiller sur les dangers vers lesquels nous risquons d’être entrainés. Donner l’alarme plutôt que la larme.

La lumière au cœur de la nuit

Pourtant, je reste persuadé d’une chose, c’est qui si l’homme est son pire ennemi, il reste son seul espoir. C’est aussi ce que disent mes romans. Cherchez au fond de vous-même, et vous trouverez la solution pour ne pas vous laisser emporter par le courant néfaste des sociétés noires. Il y a de la lumière en chacun de nous.

Pour les héros de mon premier roman, Soleil de sang, cette lumière proclame que nous pouvons être unis devant l’adversité et que l’amour est plus fort que tout.

Pour Liparis 312, l’espoir se nomme Lutte, ou encore Amour, Art, Liberté, Rêve…

Pour Les Invisibles, l’amour est notre salut ; et pour Mileva, c’est avant tout l’amitié qui nous sauve.

Tous mes personnages portent en eux cette lumière.