On me demande souvent pourquoi j’écris de la science-fiction, et plus précisément de la dystopie ou du post-apocalyptique — deux genres qu’on qualifie volontiers de « niches ».
La réponse, pour moi, est simple : parce que j’aime ça.
Je ne vais pas consacrer plusieurs années de ma vie à quelque chose qui ne me passionne pas. Entre l’idée initiale et le moment où un roman est enfin prêt, il s’écoule souvent deux ans. Autant dire qu’il faut aimer ce qu’on fait — je ne suis pas maso à ce point.
J’ai grandi avec la SF, j’en lis, j’en regarde, j’en respire. Écrire de la SF, c’est simplement la suite logique (je vous invite à lire ma page Aux sources de mon écriture).
Mais écrire pour le plaisir, c’est une chose ; être lu, c’en est une autre. Alors, oui, la question se pose : est-ce un genre porteur ?

Les chiffres sont plutôt encourageants.
Selon une étude Ipsos/CNL de 2025, 27 % des Français déclarent avoir lu, au cours des douze derniers mois, des romans de science-fiction, de fantastique ou de fantasy — soit entre un quart et un tiers des lecteurs français.
Autrement dit, le lectorat existe bel et bien.
Pour les sous-genres dystopique et post-apocalyptique, il n’existe pas encore d’étude exhaustive, mais plusieurs analyses confirment leur fort attrait auprès des jeunes adultes, notamment ceux qui ont grandi avec Hunger Games (d’après le Centre National du Livre).
À l’international, la tendance est encore plus nette : une étude conjointe GfK Entertainment / NielsenIQ (2024) montre que la science-fiction et la fantasy affichent une croissance à deux chiffres depuis 2023, atteignant parfois +41 % de ventes sur certains marchés anglophones.
C’est tout sauf anecdotique : cela prouve que le genre progresse rapidement et gagne du terrain.
D’autres recherches, comme Paradigmatic Shifts in Dystopian Fiction: The Growing Appeal of the Genre for Young Adult Readers, rappellent que la popularité de la dystopie et du post-apo dépend souvent de grands succès médiatiques — films, séries — mais qu’elle s’amplifie grâce aux réseaux sociaux, notamment via la communauté BookTok, qui dope les ventes de SF et de fantasy.
(Note pour moi-même : je suis sur Facebook, YouTube, Instagram… mais pas encore sur TikTok. Il va falloir y penser !)
Cet engouement, particulièrement fort chez les 15-30 ans — mon cœur de cible, même si mes lecteurs dépassent souvent les 40 ou 50 ans —, s’explique facilement.
Les thèmes de la SF, de la dystopie et du post-apo résonnent profondément avec les inquiétudes contemporaines : crise climatique, intelligence artificielle, effondrement social, mutations du corps et de la société…
Ce sont autant de sujets que j’aborde dans mes romans (Mileva, Les Invisibles, Liparis 312, Soleil de sang).

Écrire de la SF, c’est comme travailler dans un laboratoire symbolique du présent : on y explore les crises actuelles sans frontalité politique, en imaginant leurs prolongements.
Les lecteurs ne veulent plus seulement qu’on leur décrive le futur — ils veulent qu’on le pense.
Écrire de la SF ou de la dystopie, c’est écrire sur aujourd’hui déguisé en demain.
C’est parler du réel à travers le possible.
Dans un monde en mutation rapide, ce genre devient naturellement central.
En 2024, les ventes mondiales de SF et de fantasy ont progressé de plus de 40 %, preuve d’un essor global.
Et lorsque des plateformes comme Netflix, Prime Video ou Disney+ investissent massivement dans ces univers, cela montre bien la demande croissante d’œuvres narratives fortes, issues notamment de la littérature.
Et puis, soyons honnêtes : les lecteurs de SF sont souvent des passionnés.
Quand on y goûte, on y revient.
Du point de vue de l’écriture, c’est aussi un espace de liberté absolue : inventer des mondes, des langages, des futurs, c’est tenter de décrire l’inimaginable. Peu d’autres genres offrent une telle amplitude.
La science-fiction reste un territoire vierge, à la fois miroir critique de nos sociétés et terrain d’expérimentation littéraire.
Elle permet de repenser la solidarité, la mémoire, l’espoir, la survie — bref, de questionner nos modèles de civilisation.
Alors oui : vive la SF.
